On voit souvent le temps de réponse d’un écran mis en avant comme étant l’un de ses principaux arguments de vente. Arborant fièrement des chiffres de 1ms ou 5ms le plus souvent. Néanmoins que représente-t-il vraiment ?
Beaucoup pensent que le temps de réponse représente l’input lag de l’écran, c’est-à-dire le délai entre l’image envoyée par l’ordinateur et le moment ou l’écran affiche cette image. Cependant ce n’est pas le cas.
Des transitions de gris
Commençons par comprendre comment un pixel d’une couleur donnée est affiché. Un pixel est composé de 3 sous-pixels, rouge, vert et bleu. Chacun de ces sous-pixels possède une cellule de cristaux liquide bloquant une partie de la lumière provenant du rétroéclairage.
En fonction de la tension reçue par la cellule (c’est-à-dire la couleur souhaitée), elle se met dans une certaine position pour laisser passer plus ou moins de lumière vers le sous-pixel pour, au final, créer la couleur désirée grâce aux deux autres sous-pixels. Il y a 256 positions par cellule possibles pour un codage RGB classique.
Lorsqu’un écran LCD passe d’une image donnée à une autre celui-ci va changer individuellement la position de chaque cellule de cristaux liquide pour donner la nouvelle image. C’est le temps que vont mettre les cristaux liquide à changer de position qui nous intéresse.
Ce temps est dépendant du type de transition. On se contentera des transitions de gris, là où les cristaux liquides de chaque sous-pixel sont dans la même position. Étant donné que ce temps n’est lié qu’aux cristaux liquides et pas à la couleur du filtre associé, le temps de réponse est majoré par la cellule mettant le plus de temps à changer de position.
Ainsi, il est clair que ce temps n’est pas unique contrairement à ce que nous font croire les constructeurs, il en existe même 65 280 (255*256) différents, qui représentent les différentes transitions de niveau de gris possibles. On dit qu’un temps de réponse est un temps de montée (rise time) si la transition passe d’une teinte sombre à une plus claire et un temps de descente pour les autres transitions (fall time). On peut voir cela de manière plus visuelle sur le graphique ci-contre représentant une transition de teinte.
Les normes de mesure
Maintenant que l’on comprend mieux ce que représente le temps de réponse, regardons de plus près ce que représente les chiffres fournis par les constructeurs. Il existe deux types de mesures principales, la norme ISO 13-406 et la mesure « G2G » .
La première est une norme de l’organisme international de normalisation (ISO) datant du début des années 2000 ayant pour but de définir le temps de réponse des écrans LCD. Il est défini comme la somme du temps de réponse pour passer du noir au blanc et du temps de réponse pour passer du blanc au noir (transitions 0-255-0).
Cependant cette norme reste bien trop peu applicable en réalité. En effet cette transition noir-blanc représente qu’une seule transition parmi toute les transitions de gris possibles (255*256=65280). Le temps de réponse ISO n’est donc pas représentatif du ressenti que le consommateur aura.
Les constructeurs ont ainsi pu justifier l’utilisation d’une autre méthode de mesure du temps de réponse les arrangeant, c’est la mesure « G2G » pour gray to gray. La majorité des constructeurs (si ce n’est tous) l’utilisent aujourd’hui. Cette mesure n’étant pas normalisée on rencontre deux problèmes.
Le premier est que d’un constructeur à un autre la méthode change, ce qui empêche de comparer objectivement les temps de réponse de deux écrans de deux marques différentes.
Le second est que la marque peut choisir la méthode de mesure l’arrangeant le plus, elle va viser à faire une moyenne de différents temps de réponse plutôt que de sommer les transitions opposés pour faire diminuer le temps de réponse. Le constructeur va aussi sélectionner des transitions avec des temps de réponse assez petits. Ce qui fait qu’au final la mesure G2G sera le plus souvent inférieur à la mesure ISO.
Néanmoins les mesures G2G restent quand même plus représentatives de la qualité perçue que la norme ISO, même si on perd la normalisation et donc la possibilité de comparer les temps de réponse.
En pratique ?
Venons en donc à ce qui intéresse les utilisateurs, ce que représente concrètement ce temps de réponse. Plus celui-ci est important, plus un flou de mouvement se fera ressentir.
Si l’on se donne un écran avec une fréquence de rafraichissement de 60Hz, on se retrouve avec une image toutes les 16.67 millisecondes (1/60). Maintenant, si on considère un mouvement affiché sur l’écran avec des transitions de disons 8ms de temps de réponse, on aura la moitié du temps d’affichage total de l’image qui sera une transition. Ainsi plus le temps de réponse sera élevé plus une impression de flou sera présente. C’est pour cela qu’un écran avec de faibles temps de réponse est adapté aux gamers jouant à des jeux nerveux, où il y a beaucoup de mouvement et donc constamment des changements d’image.
On remarque que pour les écrans 144Hz les images durent 7ms, ce qui nécessite donc un temps de réponse encore plus bas pour réellement profiter de ces écrans.
Pour ce qui est du choix d’un écran il faut le plus souvent ne pas se fier à la valeur annoncée, un écran annoncé à 1ms n’aura pas des temps de réponse de réellement 1ms sachant que les meilleurs écrans dans ce domaine tournent autour des 4-5ms. Le mieux étant de trouver, dans la mesure du possible, un test fiable de ce moniteur.
Voilà pour conclure notre éclaircissement sur le temps de réponse des écrans, si cher au marketing des moniteurs PC.
En espérant que cela permette de mieux comprendre et appréhender la lecture des caractéristiques d’un écran, bien trop souvent obscures au consommateur.
On se retrouve donc dans un prochain article expliquant comment mesurer ces temps de réponse comme énoncé dans l’info-bulle. Mais aussi dans un article suivant cette idée de présenter les différentes technologies d’écrans et le marketing lié à tout cela pour démystifier le monde des moniteurs PC.